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Tendances immobilières : faut-il avoir peur des agences low cost ?

Le low cost est plus qu’une tendance : c’est un phénomène qui touche la quasi-totalité des secteurs commerciaux, depuis la coiffure jusqu’au tourisme. Certains de ces secteurs ont connu un boom de leur activité depuis que les prestataires à bas coût se sont imposés, comme ce fut le cas de l’aéronautique – à tel point que l’expression est désormais utilisée par les compagnies régulières pour faire référence à des vols moins chers sur leurs lignes, un comble !

On pourrait croire que l’immobilier n’est pas concerné, de par l’importance des transactions. Et pourtant, le low cost s’en est emparé par le biais d’acteurs qui jouent la carte du bas coût.

Les agences immobilières low cost ont fait leur apparition sur le marché au mitan des années 2000, notamment avec PurpleBricks en Grande-Bretagne. Depuis, elles se sont développées doucement, mais sûrement, gagnant des parts de marché dans de nombreux pays. En France, plusieurs acteurs s’ébattent dans ce grand bain, comme Proprioo, Imop ou Marton. Encore discrets et mal connus, ils investissent dans des stratégies promotionnelles agressives pour attirer l’attention des vendeurs et des acheteurs en mettant l’accent sur un argument phare : le prix.

Le développement de ces agences à bas coût pose question. Est-ce à dire que le modèle des agences traditionnelles a vécu ? Qu’Internet tend à gommer la valeur ajoutée apportée par les professionnels de la transaction, ouvrant la voie à une ubérisation du secteur ? Faut-il croire que votre métier, tel que vous le pratiquez aujourd’hui, est destiné à disparaître pour de bon ?

En bref, devez-vous avoir peur du Grand Méchant Low Cost dans l’immobilier ?

Agences immobilières low cost : concrètement, c’est quoi ?

S’il fallait définir les agences immobilières low cost, on dirait qu’elles sont au carrefour de trois entités : la startup innovante, l’agence traditionnelle dédiée à la transaction, la vente de gré à gré et le Do It Yourself. Elles se caractérisent par deux approches :

Malgré tout, les services proposés ne sont pas différents de ceux des agents immobiliers traditionnels : estimation, mise en relation avec des professionnels certifiés pour la réalisation des diagnostics techniques, rédaction et diffusion de l’annonce, suivi du dossier, organisation des visites (parfois en option), réception des offres, signature du compromis, etc.

Les limites des agences immobilières en ligne

Au vu de ce que nous venons d’écrire, qu’est-ce qui pourrait empêcher les agences immobilières low cost de prendre définitivement le pouvoir sur le marché de la transaction ? Elles utilisent des outils digitaux (supports privilégiés par 9 futurs vendeurs/acheteurs sur 10 pour démarrer leurs recherches) et proposent des services équivalents, pour des commissions jusqu’à dix fois moins élevées. Comment lutter ?

En réalité, ce n’est pas aussi simple. Ce fonctionnement, aussi attractif soit-il a priori pour les clients, a ses limites.

Deux constats s’imposent :

  1. Le travail effectué par les agences immobilières low cost n’est pas comparable avec celui que fournissent les acteurs traditionnels du marché. Leurs services sont distanciés et moins professionnalisés ; au prétexte de favoriser le Do It Yourself, elles confient une partie du travail aux mandataires pour faire des économies. Elles parient sur la rapidité et sur la souplesse du marché dans les zones tendues pour cumuler les mandats et les ventes.
  2. Le business model des agences en ligne est fortement instable. Proprioo, startup pionnière du secteur en France, a fini par troquer le forfait fixe pour une commission très basse. PurpleBricks, dont les bénéfices ont baissé l’année passée, ne représente que 5 % du marché des agences immobilières. Clairement, la question de la pérennité de ce modèle se pose.

Nous sommes donc loin d’une révolution semblable à ce que Uber a pu être pour le transport de tourisme véhiculé, par exemple. Si les agences immobilières low cost ne doivent pas être ignorées, elles sont loin de représenter une menace réelle – à ce jour. Ce qui ne les empêche pas de bousculer les choses.

agences immobilières low cost

Un nouveau challenge qui pousse les agences traditionnelles à revoir leur copie

Le principal fait d’armes des agences immobilières low cost, c’est de pousser les acteurs traditionnels à se remettre en cause et à revoir les fondations de leur activité. Ces pure players audacieux ont le mérite de proposer un modèle novateur qui séduit les clients – attirés autant par la promesse de belles économies que par la souplesse des services. En cela, ils tendent un miroir aux agences ayant pignon sur rue… et les contraignent à se regarder dedans, peu importe le résultat.

Ce que montre ce miroir, c’est la nécessité d’un changement. Ces agences poussent le marché à évoluer, comme dans n’importe quel autre secteur où le low cost s’est aventuré. En opérant une distinction entre la qualité des services et la commission, taillant dans la première pour réduire la seconde, ces prestataires ont paradoxalement remis au goût du jour l’importance des compétences et du savoir-faire au sein des métiers de la transaction.

Pour les agences traditionnelles, il s’agit moins de s’aligner que de travailler à des services plus pertinents, plus efficaces et plus en phase avec les attentes des vendeurs et des acheteurs. Cela, en mettant l’accent sur l’expertise, la promotion des biens, l’intégration des innovations (à l’image de la visite virtuelle ou de l’Espace Propriétaire ©), les actions marketing personnalisées, la qualité de la relation client (mise en avant des avis clients), etc.

En résumé, il ne faut pas craindre les agences immobilières low cost ; il faut les combattre sur un autre terrain : celui de la qualité. Et faire preuve de pédagogie autant que de transparence pour montrer ce que recouvrent vos tarifs – certes plus élevés, mais justifiés par tous les investissements réalisées, toute l’expertise amassée, et tous les moyens mis en œuvre pour aider les clients à aller au bout de leur projet immobilier.